Le lieu où travaille Serge Benoit est un lieu unique dans Paris.
En 1878,
un promoteur construit dans le 13e arrondissement une série d’ateliers avec des matériaux provenant du démontage de l’Exposition Universelle.
Le renom des locataires va rendre la Cité Fleurie célèbre : Rodin, Bourdelle, Maillol y font patiner leurs œuvres, Gauguin, Modigliani y vivent un moment et le site qui a failli être détruit est maintenant protégé grâce à l’opiniâtreté des artistes à le défendre.
Serge Benoit s’est lancé dans des études de ferronnerie d’art dans l’Oise faute d’avoir les moyens de faire les Beaux-Arts. Ce passage s’est avéré bénéfique, il l’a mené vers la sculpture. Fréquentant à Paris les cours du soir où posent des modèles, il a été d’abord figuratif et admirateur passionné de Rodin, de Brancusi et son œuf sublime, Serge Benoit se demandait comment aller plus loin.
Alors, il a résolument opté pour ce qu’il a appelé des éclatements, des cassures où s’enchevêtrent harmonieusement des matériaux divers. Il s’est essayé à tailler le marbre, les calcaires puis avec une énergie toujours grandissante il a introduit du bois dans le métal. Il utilise ainsi des matériaux de densité différente, tel que du bois de chêne enclavé dans du fer oxydé, ce qui lui laisse toute liberté de jouer avec le lisse, le poli, le rugueux et même d’utiliser parfois la peinture sur certaines parties de ses sculptures.
Il aime autant la dureté du marbre de Belgique, avec ses traces de fossiles et ses veines blanches, ou la pierre d’Euville qu’il récupère chez des fabricants de monuments funéraires, s’émerveillant des petits cristaux brillants qui émergent du calcaire lorsqu’on le taille.
Serge Benoit se plaît aussi…
aux assemblages savants de tôle oxydée, de laiton martelé, de bronze patiné avec des bois africains, du palissandre ou du chêne. Quant il s’agit de petites pièces, il compose et recompose ses créations comme des puzzles. Il traite le bois avec beaucoup de talent.
Les signes, les marques faites au burin ou au ciseau à bois sont là pour « donner du grain, dit Benoit, de la force ». Noircis avec un glacis de goudron ou colorés avec une peinture très liquide, les creux et les bosses deviennent plus présents, le bois, plus vivant.
De son premier métier, Serge Benoit
a gardé une passion des outils. Il en possède des centaines, achetés aux puces, ici et là, ou à des artistes qui ne les utilisent plus. On ne les trouve pas dans le commerce parce qu’ils ont été modifiés par l’artiste pour ses besoins. En parlant avec lui gouges, tire-fond, tiges filetées, on s’enrichit d’un vocabulaire qui nous fait mieux apprécier l’originalité de son travail.